Chaque année l’approche de Noël plonge notre société de consommation dans une effervescence fiévreuse qui accélère encore davantage les rythmes de vie habituels et le stress, face à la difficulté de tout maîtriser. Certes, il est très important de faire la fête, surtout quand la morosité ambiante n ‘est guère réjouissante. Mais le rêve décalé qui nous est vendu et nous prend dans son tourbillon est, le plus souvent, très éloigné de ce que nous, chrétiens, célébrons à Noël. Ce qui ne signifie aucunement que les chrétiens doivent bouder cet aspect de la fête : cadeaux, rencontres familiales autour d’un bon repas … etc. sont déjà un petit reflet de ce que nous attendons : l’Avènement d’un monde meilleur !

A Noël, nous célébrons la venue du Fils de Dieu parmi nous, prenant corps dans notre réalité humaine. Mais cette fête réveille aussi en nous le sens de nos vies tournées vers son Avènement, son Retour, qui n’est pas seulement pour la fin des temps, mais qui se réalise déjà dans notre aujourd’hui le plus ordinaire. Nous attendons, scrutant les signes de sa venue pour le reconnaître. Ce temps de l’Avent est tout spécialement marqué, habité, par cette grande ESPERANCE qui nous vient du fond des temps et en particulier du Peuple d’Israël, porteur de la Promesse de Celui qui doit venir, le Messie Sauveur.

Mais quel genre de sauveur attendons-nous, quand la crise traverse toutes nos réalités sociales, politiques, économiques … et que l’espoir fragilisé s’amenuise pour beaucoup ?… Tandis que la Foi en Dieu est elle-même en crise, l’Espérance a-t-elle encore sa raison d’être ?… Le Message de Noël peut-il encore nous rejoindre et être entendu ?…

L’année de la Vie consacrée ( j’y ferai à nouveau référence cette semaine ) ravive la question de Dieu au cœur du monde … Le ‘pourquoi’ et le ‘comment’ des hommes et des femmes osent se risquer ainsi à suivre le Christ dont ils ont reconnu l’appel « Viens,  suis-Moi  !  »  comme les 1ers disciples et avec la même folie qu’eux «  Laissant  tout,  ils  le  suivirent.  » Car il s’agit bien d’une folie, dans le contexte des pressions de notre société qui sacralise le pouvoir, l’argent, la réussite à tout prix, les premières places … d’oser tout laisser pour Le suivre. St Paul écrit aux Corinthiens :  «  Nous, les Apôtres,  on  croirait  que  Dieu  a  fait  de nous les derniers de tous … Livrés en spectacle au monde entier … Nous passons pour des fous à cause du Christ … » Paul s’adresse ici à une minorité de chrétiens immergés dans un monde païen, où leur choix du Christ est souvent malmené et incompris, mettant à l’épreuve leur fidélité. On les prend pour des fous.

La Vie consacrée souvent incomprise encore aujourd’hui – et parfois malmenée dans certains pays où elle doit vivre dans la clandestinité – participe de cette même folie. Les choix de la Vie consacrée, fondés sur la Foi et l’Amour du Christ, témoignent, au cœur du monde, de l’Espérance solidement ancrée dans un ‘Ailleurs’ – nous dit notre Pape François. Des choix qui ne méprisent d’aucune manière les réalités du monde présent, « Ce monde tel que nous le voyons et qui est en train de passer »  (écrit St Paul aux Corinthiens) mais, des choix qui tournent nos regards vers le monde qui vient.

Chaque année, le temps de l’Avent est en q.q. sorte, une étape sur le chemin de nos vies humaines, en route vers cet ‘Ailleurs’ que nous ne sommes pas en mesure de maîtriser et qui nous angoisse parfois. En célébrant la Venue de Jésus parmi nous à Noël, nous ravivons notre Espérance dans son Retour et l’ Avènement du monde nouveau. L’ Espérance … comme on attend le lever du soleil un matin d’hiver !

R.C.F. « Parole de Vie » Lundi 15 décembre 2014