Après l’ Attente et l’Espérance, dont nous avons parlé hier, c’est le mot  VEILLER  qui s’invite comme Parole de Vie aujourd’hui.  Veiller  pour  Préparer.

Dans notre société de plus en plus robotisée, les veilleurs sont nombreux, et ce sont bien des hommes et des femmes qui assurent ce rôle dans différents domaines, et non pas des robots. Veiller requiert un certain nombre de qualités qu’on ne programme pas à l’avance sur un ordinateur. Veiller fait appel à toutes les ressources inscrites dans l’être humain et qui lui permettent d’être opérationnel le moment venu, bien avant les formations professionnelles.

Veiller  c’est un mot – ou plus exactement une attitude spécifique du temps de l’Avent – que les textes liturgiques ne cessent de nous rappeler.  Quant à Jésus (dans l’Evangile de Mat. 25) il nous invite à veiller en employant une superbe parabole :

« Dix jeunes filles sont invitées à une noce. Selon la coutume de son pays, le futur époux doit arriver de nuit, à une heure inconnue. Les 10  jeunes filles ont pris des lampes pour aller à sa rencontre quand on annoncera son arrivée. Comme il tarde à venir … elles s’endorment !

Au milieu de la nuit, un cri retentit : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ! »  Réveillées, elles s’empressent de préparer leurs lampes. Cinq d’entre elles avaient pris de l’huile en réserve pour les alimenter… mais les cinq autres, imprévoyantes, constatent que leur lampes s’éteignent et réalisent qu’elles n’ont pas pris d’huile pour les recharger. …  Tandis qu’elles sont parties en acheter, l’époux arrive … Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte se referma. A leur retour, les imprévoyantes ont beau frapper : « Seigneur, ouvre-nous ! »  La porte ne s’ouvre pas. L’époux répond : « En vérité, je ne vous connais pas. Veillez  donc,  car vous ne savez ni le jour ni l’heure.  Il en sera ainsi du  Royaume des Cieux ! »

La  Vie  consacrée   fait volontiers référence à cette page d’Evangile qui lui fournit des repères sur la manière de veiller. Veiller, ce n’est pas attendre béatement que le temps passe. Veiller, c’est préparer activement la Rencontre avec Celui que nous attendons : le Christ, afin de le reconnaître dans notre aujourd’hui  et d’être prêts quand ce sera notre heure   « d’entrer dans la Vie »   comme disait Thérèse.

Préparer cette huile pour alimenter la flamme de notre lampe, c’est conformer notre vie de tous les instants à sa Parole dans l’Evangile. En faire notre règle de vie dans le détail des jours, sans crispation, mais également sans faux-semblants. Cette parabole, comme toutes les pages de l’Evangile, n’est pas réservée aux consacrés. Tous les Baptisés sont concernés. C’est ainsi que St Paul recommande aux Corinthiens  (1ère. Cor. 16, 13)  « Veillez ! soyez fermes dans la foi… soyez forts … Faites tout par amour. »  

C’est  donc une question de  Foi  –  d’Amour  –  d’Espérance !

Ce n’est pas par hasard, non plus, si le déroulement de cette parabole se situe la nuit. Dans la vie spirituelle, la  nuit  évoque toujours la difficulté de croire. C’est la condition de tous les hommes ici-bas. Il est indispensable d’avoir des lampes qui éclairent bien, dont la flamme s’alimente de la Parole de Dieu, de la Prière, de la Charité. Sainte Thérèse, profondément éprouvée dans sa foi, alimentait sa flamme à   « l’aide de petites pailles »  nous dit-elle,     c’est-à-dire, de toutes petites choses accomplies par amour.

Si Thérèse, aujourd’hui, est tellement connue, aimée et suivie dans sa spiritualité à travers le monde entier, c’est que chacun retrouve en elle une sœur très proche et un guide sûr pour son chemin de vie.  Thérèse, quelqu’un qui nous offre un peu de sa lumière pour pallier à nos obscurités. Thérèse, une consacrée comme beaucoup d’autres, veilleuse parmi nous, afin de nous garder éveillés jusqu’à notre entrée  dans la  Salle des Noces, le Royaume, où le Christ nous attend.

R.C.F.  « Parole de Vie »  Mardi 16  décembre  2014