Joseph … un père
« Père aimé, père dans la tendresse, père dans l‘obéissance, père dans l’accueil, père au courage créatif, père travailleur et père dans l’ombre« .
Sept traits pour qualifier le cœur de Joseph ! Ce sont les mots utilisés par le Pape François dans sa lettre apostolique « Patris corde », le  8 décembre 2020, à l’occasion du 150ème anniversaire de la déclaration de Saint Joseph comme patron de l’église universelle. 

« Nous pouvons tous trouver en Saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés. Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en « deuxième ligne » jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. À eux tous, une parole de reconnaissance et de gratitude est adressée. »
C’est avec un cœur de père que Joseph a aimé Jésus, lui-même appelé dans les quatre Évangiles « le fils de Joseph »: Lc 4, 22 ; Jn 6, 42 ; Mt 13, 55 ; Mc 6, 3.  

A compter du 19 mars 2021, jour de la fête de St Joseph, s’ouvre en Eglise, une année dédiée à la famille. Ainsi, il est donné à St Joseph une place toute particulière au sein de nos familles.

Thérèse, qui est  Joseph pour toi ?

En lisant ses écrits, c’est ce lien de « famille » entre Marie, Jésus et Joseph qui apparaît le plus souvent.
Chez les Martin, l’amour de St Joseph ne se dissociait pas de celui de la Vierge Marie. Thérèse écrit :

J’aimais au printemps de ma vie, Saint Joseph, la Vierge Marie. PN 18, 3

St Joseph fait partie de l’environnement proche de Thérèse  :

Depuis ma sortie de pension, je m’étais installée dans l’ancienne chambre de peinture à Pauline et je l’avais

arrangée à mon goût. C’était un vrai bazar, un assemblage de piété et de curiosités…… Devant la fenêtre était placée ma table couverte d’un tapis vert et sur ce tapis j’avais posé au milieu, un sablier, une petite statue de St Joseph…. Ms A 43r°

Lors du pèlerinage à Rome, la première étape est prévue à Paris. Mr Martin, Céline et Thérèse vont à Notre-Dame des Victoires. Dans sa prière, Thérèse reçoit l’assurance que c’est bien la Vierge qui l’a guérie le 13 mai 1884. Et elle ajoute :

Je priai aussi St Joseph de veiller sur moi ; depuis mon enfance j’avais pour lui une dévotion qui se confondait avec mon amour pour la Ste Vierge. Chaque jour je récitais la prière : « O St Joseph, père et protecteur des vierges » aussi ce fut sans crainte que j’entrepris mon lointain voyage, j’étais si bien protégée qu’il me semblait impossible d’avoir peur. Ms A 57 r

Dans ses écrits autobiographiques, Thérèse a peu parlé de St Joseph. Le plus souvent, elle le situe en famille, avec Marie et Jésus. Nous en trouvons plusieurs belles expressions dans une récréation pieuse écrite pour la fête de Mère Agnès le 21 janvier 1896 :

Récréation 6 – La fuite en Egypte – Scène 2

Thérèse imagine un dialogue entre Marie et Joseph juste avant que l’ange leur demande de partir pour l’Egypte. Saint Joseph entre, chargé de ses instruments de travail.

LA SAINTE VIERGE, avec un ton de doux reproche :
 Joseph. vous avez tardé bien longtemps, pourquoi prolongez-vous ainsi vos journées de travail ?

 

SAINT JOSEPH
 O Marie ! laissez-moi dépenser mes forces au service de Jésus. C’est pour Lui et pour vous que je travaille ; cette pensée me donne du courage, elle m’aide à supporter la fatigue et puis le soir à mon retour, une caresse de Jésus, un seul de vos regards me font oublier les labeurs de la journée.
Il passe la main sur son front pour essuyer la sueur, puis s’asseyant près de Marie, il regarde l’Enfant Jésus. La Sainte Vierge le pose sur les genoux de Saint Joseph ; alors sa figure prend une expression de joie Céleste, il presse le Divin Enfant contre son cœur, le baise avec amour et lui dit.
 O Petit Enfant ! qu’il est doux ton sourire !… Est-il bien vrai que moi, le pauvre charpentier Joseph, j’aie le bonheur de porter entre mes bras le Roi du Ciel, le Sauveur des hommes ?… Est-il vrai que j’aie reçu la mission sublime d’être le père nourricier de Celui qui rassasie par sa présence les brûlants séraphins et qui donne la nourriture à toute créature ? Est-il vrai que je sois l’époux de la Mère de Dieu, le gardien de sa virginité’ ?…
O Marie ! dites-moi, quel est ce profond mystère ?… Le Désiré des collines éternelles, l’Emmanuel objet des soupirs de tous les patriarches est là sur mes genoux, Il me regarde, moi, son pauvre et indigne serviteur.
 
LA SAINTE VIERGE
Comme vous, Joseph je m’étonne de pouvoir presser sur mon cœur l’Enfant Divin dont je suis la mère, je m’étonne qu’un peu de lait soit nécessaire à l’existence de Celui qui donne la vie au monde.
Après un assez long silence passé dans la contemplation, Marie reprend. Bientôt Jésus grandira, vous devrez apprendre au Créateur de l’univers la manière de travailler…. Avec vous Il gagnera son pain à la sueur de son visage adorable ….
 
SAINT JOSEPH
Que dites-vous, Marie ? Faudra-t-il que Jésus devienne un pauvre artisan comme moi ? Ah ! jamais je n’aurai le courage de lui voir supporter les reproches que je reçois !…
Encore aujourd’hui, le riche seigneur pour lequel je travaillais n’a pas été content de mon ouvrage, il m’a renvoyé, me disant d’aller chercher fortune ailleurs. Après bien des recherches et des rebuts, j’ai fini par trouver assez de travail pour un mois entier ; je pourrai le faire ici, c’est un bonheur que je n’osais espérer. Ne pas m’éloigner de Jésus ni de vous, quelle consolation !…
S’apercevant que le petit Jésus sommeille, il dit en baissant la voix : Le Divin Enfant s’est endormi, prenez votre Trésor, l’heure du repos est venue.
Il dépose un baiser sur le front de Jésus, puis le présente à Marie qui le prend avec respect. 

 

LA SAINTE VIERGE, à demi-voix :
Joseph, que Dieu bénisse votre sommeil, reposez en paix sous le regard de Celui dont le cœur veille toujours.

 

Dans les derniers mois de la vie de Thérèse, Mère Agnès est souvent près d’elle, l’interroge et note ses paroles. Celles-ci seront publiées dans « les derniers entretiens ». Thérèse s’exprime spontanément sur des sujets très divers. Accueillons ce que Mère Agnès a écrit lorsqu’elles ont parlé de St Joseph.

11 juin 1897 : Elle avait jeté des fleurs au St Joseph du jardin (au fond de l’allée des marronniers) en disant d’un ton enfantin et gracieux : «Tiens!»  

            Pourquoi jetez-vous des fleurs à St Joseph ? Est-ce pour obtenir quelque grâce ?
            Ah ! mais non ! C’est pour lui faire plaisir. Je ne veux pas donner pour recevoir. CJ 11.6.1

 24 juillet 1897On lui (à Thérèse) avait envoyé de beaux fruits, mais elle n’en pouvait manger. Elle les prit les uns après les autres comme pour les offrir à quelqu’un  et dit : 

La Sainte Famille a été bien servie. St Joseph et le petit Jésus ont eu chacun une pêche et deux prunes.
A demi-voix, m’interrogeant :
Ce n’est pas bien peut-être, mais je les ai touchés avec satisfaction ? Cela me fait beaucoup de plaisir de toucher aux fruits, surtout aux pêches, et de les voir de près.
Je la rassurais

La Sainte Vierge a eu sa part aussi. Quand on me donne du lait avec du rhum, je l’offre à St Joseph ; je me dis : Oh ! que cela va faire de bien au pauvre St Joseph !
Au réfectoire, je voyais toujours à qui il fallait donner. Le doux c’était pour le petit Jésus, le fort pour St Joseph, la Sainte Vierge n’était pas oubliée non plus. Mais quand je manquais de quelque chose, par exemple quand on oubliait de me passer de la sauce, de la salade, j’étais bien plus contente parce qu’il me semblait donner pour de bon à la Sainte Famille, étant privée réellement de ce que j’offrais.

20 août 1897 :

Que ce sera gentil de connaître au Ciel tout ce qui s’est passé dans la Sainte Famille ! Quand le petit Jésus commença à grandir, peut-être qu’en voyant jeûner la Sainte Vierge, il lui disait : « Moi je voudrais bien jeûner aussi.» Et la Sainte Vierge répondait : « Non, mon petit Jésus, tu es trop petit encore, tu n’as pas la force.» Ou bien peut-être n’osait-elle pas l’en empêcher.
Et le bon St Joseph ! Oh ! que je l’aime ! Lui ne pouvait pas jeûner à cause de ses travaux.
Je le vois raboter, puis s’essuyer le front de temps en temps. Oh ! qu’il me fait pitié ! 

Comme il me semble que leur vie était simple !Les femmes du pays venaient parler à la Sainte Vierge familièrement. Quelquefois elles lui demandaient de leur confier son petit Jésus pour aller jouer avec leurs enfants. Et le petit Jésus regardait la Sainte Vierge pour savoir s’il devait y aller. Quelquefois même les bonnes femmes allaient tout droit à l’Enfant Jésus et lui disaient sans cérémonie: « Viens jouer avec mon petit garçon » etc.

 … Ce qui me fait du bien quand je pense à la Sainte Famille, c’est de m’imaginer une vie toute ordinaire. Pas tout ce qu’on nous raconte, tout ce qu’on suppose. Par exemple que l’Enfant Jésus après avoir pétri des oiseaux de terre soufflait dessus et leur donnait la vie. Ah ! mais non, le petit Jésus ne faisait pas de miracles inutiles comme ça, même pour faire plaisir à sa Mère. Ou bien alors pourquoi n’ont-ils pas été transportés en Egypte par un miracle qui eût été autrement nécessaire et si facile au bon Dieu. En un clin d’œil, ils auraient été rendus là. Mais non, tout dans leur vie s’est fait comme dans la nôtre.
Et combien de peines, de déceptions ! Combien de fois a-t-on fait des reproches au bon St Joseph ! Combien de fois a-t-on refusé de payer son travail ! Oh ! comme on serait étonné si on savait tout ce qu’ils ont souffert ! etc. etc. CJ 20.8.14

Prière à St Joseph proposée par le Pape :

Salut, gardien du Rédempteur,
époux de la Vierge Marie.
À toi Dieu a confié son Fils ;
en toi Marie a remis sa confiance ;
avec toi le Christ est devenu homme.
O bienheureux Joseph,
montre-toi aussi un père pour nous,
et conduis-nous sur le chemin de la vie.
Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage,
et défends-nous de tout mal. Amen.