«Priez pour nous évêques et prêtres … … Nous en avons tant besoin pour rester fidèles, pour être des hommes qui veillent sur le troupeau et sur nous-mêmes.» C’est ainsi que le Pape François nous invite tous à prier, en souhaitant que le cœur des prêtres soit toujours « tourné vers le troupeau » et qu’ils soient « pauvres, humbles, doux, au service du peuple ». Cette fête coïncide depuis 1995, avec la journée mondiale de prière pour la sanctification des prêtres comme l’a voulue le Pape Jean Paul II. Son but est d’impliquer tout le peuple de Dieu dans la prière pour les prêtres. « Je suis entrée au Carmel pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres. » Telle était la motivation de Ste Thérèse en devenant carmélite. De nombreux prêtres ont trouvé en elle une sœur qui les a accompagnés sur leur chemin spirituel. Notre Fondateur, le Père Gabriel Martin a lui aussi vécu une belle expérience d’amitié spirituelle avec elle. De cette amitié sont nées trois Congrégations. Découvrez-la en cliquant ici. Ste Thérèse avait une dévotion particulière au Sacré-Cœur de Jésus. Pour sa sœur aînée, Marie du Sacré-Cœur, elle compose une poésie en 1895 qu’elle intitule : « Au Sacré-Cœur de Jésus ». C’est une magnifique contemplation de la personne de Jésus à travers ses sentiments profonds et l’amour qui emplit son cœur. Thérèse est assurée que « le Cœur de son époux est à elle seule comme le sien est à lui seul » (LT 122). Entrons avec Thérèse dans cette prière de contemplation amoureuse : Au Sacré-Coeur de Jésus – P N 23 1. Au sépulcre saint, Marie-Madeleine Cherchant son Jésus, se baissait en pleurs Les anges voulaient adoucir sa peine Mais rien ne pouvait calmer ses douleurs. Ce n’était pas vous, lumineux archanges Que cette âme ardente venait chercher Elle voulait voir Le Seigneur des anges Le prendre en ses bras, bien loin l’emporter….. 2. Auprès du tombeau, restée la dernière Elle était venue bien avant le jour Son Dieu vint aussi, voilant sa lumière Marie ne pouvait le vaincre en amour ! Lui montrant d’abord sa Face Bénie Bientôt un seul mot jaillit de son Cœur Murmurant le nom si doux de : Marie Jésus lui rendit la paix, le bonheur. 3. Un jour, ô mon Dieu, comme Madeleine, J’ai voulu te voir, m’approcher de toi Mon regard plongeait dans l’immense plaine Dont je recherchais le Maître et le Roi Et je m’écriais, voyant l’onde pure, L’azur étoilé, la fleur et l’oiseau : «Si je ne vois Dieu, brillante nature, Tu n’es rien pour moi, qu’un vaste tombeau. 4. «J’ai besoin d’un cœur brûlant de tendresse Restant mon appui sans aucun retour Aimant tout en moi, même ma faiblesse… Ne me quittant pas, la nuit et le jour. Je n’ai pu trouver nulle créature Qui m’aimât toujours, sans jamais mourir Il me faut un Dieu prenant ma nature Devenant mon frère et pouvant souffrir ! 5. Tu m’as entendue, seul Ami que j’aime Pour ravir mon cœur, te faisant mortel Tu versas ton sang, mystère suprême !… Et tu vis encor pour moi sur l’Autel. Si je ne puis voir l’éclat de ta Face, Entendre ta voix remplie de douceur Je puis, ô mon Dieu, vivre de ta grâce Je puis reposer sur ton Sacré Cœur ! 6. O Cœur de Jésus, trésor de tendresse C’est toi mon bonheur, mon unique espoir, Toi qui sus charmer ma tendre jeunesse Reste auprès de moi jusqu’au dernier soir Seigneur, à toi seul j’ai donné ma vie Et tous mes désirs te sont bien connus C’est en ta bonté toujours infinie Que je veux me perdre, ô Cœur de Jésus ! 7. Ah ! je le sais bien, toutes nos justices N’ont devant tes yeux aucune valeur Pour donner du prix à mes sacrifices Je veux les jeter en ton Divin Cœur Tu n’as pas trouvé tes anges sans tache Au sein des éclairs tu donnas ta loi !… En ton Cœur Sacré, Jésus, je me cache Je ne tremble pas, ma vertu, c’est Toi !… 8. Afin de pouvoir contempler ta gloire Il faut, je le sais, passer par le feu Et moi je choisis pour mon purgatoire Ton Amour brûlant, ô Cœur de mon Dieu ! Mon âme exilée quittant cette vie Voudrait faire un acte de pur amour Et puis s’envolant au Ciel sa Patrie Entrer dans ton Cœur sans aucun détour.
[…]S’offrir à l’Amour Miséricordieux de Dieu : une expérience au quotidien selon le Père Gabriel MARTIN Introduction En 1897, un an et demi après avoir reçu la grâce de s’offrir à l’Amour Miséricordieux, Ste Thérèse s’adressant à Jésus exprime ainsi son désir à la fin de son Ms B 5v° : « Je te supplie d’abaisser ton regard divin sur un grand nombre de petites âmes… Je te supplie de choisir une légion de petites victimes dignes de ton AMOUR !… » Le Père Gabriel Martin peut être considéré nous semble-t-il, comme l’une de ces petites victimes. Bien qu’ils n’aient aucun lien de famille, ce prêtre diocésain, missionnaire, vendéen porte le même nom, et voit le jour la même année que Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus ! Sa rencontre avec celle qui n’est à l’époque (1908) que Soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus, va l’entraîner dans une aventure spirituelle qui bouleversa sa vie toute entière de prêtre, de missionnaire et va faire de lui le fondateur d’une Œuvre particulière de Miséricorde : la Congrégation des Sœurs Oblates de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus. Le Père Martin a été l’un des premiers interprètes de la spiritualité de Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, reconnu par Mère Agnès de Jésus. Il a assuré les prédications de la béatification et de la canonisation de Thérèse. Cependant, il était avant tout un homme d’action plus qu’un théologien. Il demeure que son analyse est intéressante et demeure pertinente parce qu’elle est enracinée dans son expérience spirituelle. Il va l’écrire dans un livre intitulé « Pour aimer le bon Dieu comme Ste Thérèse ». le Père Gabriel Martin I.1 Sa rencontre et sa relation avec Soeur Thérèse Ceux qui l’ont connu le décrivent comme un orateur, un missionnaire prêt à témoigner de sa foi jusqu’au don total, un pasteur zélé, qui veut convertir les âmes. En 1908, ce pasteur, qui est né dans la région vendéenne très pratiquante, découvre le Sud-Vendée, une région « glacée par l’indifférence religieuse », selon ses propres mots. Il est saisi par la situation de cette population qui se préoccupe si peu de Dieu, blessé par cet amour de Dieu méconnu. Il l’est d’autant plus, qu’à cette même période il découvre dans une brochure, la vie d’une carmélite : « Thérèse Martin », Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, elle aussi profondément habitée par la soif de Jésus d’être aimé, et le désir de sauver les pécheurs. Dans son journal intime, le P. Martin écrit le 28 février 1908 : …. « Je regarde présentement comme une très grande grâce d’avoir lié connaissance avec la « petite Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus ». Il y a peu de jours que je connais quelque chose de sa vie et déjà j’ai senti l’accomplissement de la promesse qu’elle faisait peu de temps avant de mourir : ‘je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre. Je sens que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l’aime… de donner ma petite voie aux âmes… » Cette voie, c’est le chemin de la confiance et du total abandon ! » Sa « petite voie », Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus l’a résumée dans ces mots : « Vivre d’amour ». Peu de jours après, ayant en main l’Histoire d’une âme, il découvre que Sr Thérèse aurait bien désiré avoir un frère prêtre. Elle n’en eut point selon la nature. Mais la Providence lui en envoya deux qui devinrent ses frères selon la grâce : deux missionnaires. Le Père Martin est touché par les lettres qu’elle leur adresse et pense que si Sr Thérèse prie pour les missionnaires qui sont hors de leur pays, elle doit aussi avoir une attention pour ceux qui sont en France. Pourquoi ne deviendrait-elle pas la sœur qu’il n’a pas eue ? Le 10 mars, il prie ainsi pour « demander à Notre Seigneur s’il lui serait agréable que je considère désormais Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus comme ma sœur du ciel ». Il fait cette même demande à Sr Thérèse elle-même. Au cours de sa prière, il se sent poussé à ouvrir l »Histoire d’une âme » à la page 357. Il dit : « J’ouvris donc à cette page qui se trouve au milieu des lettres écrites par Thérèse de l’Enfant-Jésus. Et quel ne fut pas mon plaisir d’y lire en tête, ces mots écrits en grosses lettres : « A ses frères missionnaires. » Voilà la réponse ! » Je compris que Sr Thérèse m’acceptait pour son frère ». Bouleversé par ce qui lui arrive, le P. Martin poursuit sa lecture et il trouve dans les écrits de sa sœur » une onction et une suavité qui pénètrent jusqu’aux moelles de l’âme. Et pendant que je lis, dit-il, j’ai comme l’impression que du haut du ciel elle prie pour moi celle qui est partie en disant: Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre »[1]. I.2 Son chemin spirituel Le Père Martin commence alors un nouveau chemin spirituel. C’est en approfondissant la signification des liens de Sr Thérèse à ses frères que sa relation avec elle prend sens et transforme profondément sa relation à Dieu et sa vie apostolique. Que retient-il de cette relation ? c’est une relation fraternelle pour travailler au salut des âmes en se laissant embraser d’amour pour combattre dans la plaine, là où le bon Dieu n’est pas connu, ni aimé et devenir un saint, « afin de vivre dans un acte de parfait amour » Connaissant son zèle pour travailler à convertir les pécheurs, il n’a pu qu’être saisi par ce désir brûlant de Sœur Thérèse. Il le partage, et désormais avec elle, il désire sauver des âmes. Il se sent rejoint dans ses propres aspirations missionnaires : Sœur Thérèse est au Carmel et lui dans les champs de la mission. Sœur Thérèse désirait que ses frères, tout comme elles, soient embrasés du feu de l’amour pour l’allumer dans les cœurs[2]. En lisant les pages enflammées d’amour de sa sœur du Ciel, le Père Martin découvre que le cœur de l’Eglise est brûlant d’amour, que l’amour seul fait agir les missionnaires. Il entre alors dans une nouvelle perspective apostolique. Lui aussi va […]
[…]De quel coté courir? Trois mois avant de mourir, Sainte Thérèse écrit « Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le Saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir… Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance…» Pour savoir, comme elle, « de quel côté courir », entrons dans la méditation de ce passage d’Évangile. En ce temps-là, tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’ Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.’ Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. Lc 13, 22-30 Thérèse explique à sa sœur Céline comment elle comprend cette parole de Jésus : La seule chose qui ne soit point enviée, c’est la dernière place, il n’y a donc que cette dernière place qui ne soit point vanité et affliction d’esprit… Oui, il suffit de s’humilier, de supporter avec douceur ses imperfections. Voilà la vraie sainteté ! Prenons-nous par la main, petite sœur chérie, et courons à la dernière place… personne ne viendra nous la disputer… LT 243 Le 16 juillet de cette même année, Thérèse compose une prière pour Sœur Marthe de Jésus à l’occasion de ses 32 ans. La condition de converse de cette dernière l’expose à être commandée par n’importe quelle sœur et son esprit de contradiction lui rend l’obéissance difficile, Thérèse l’invite donc à regarder «Jésus doux et humble de cœur». O mon bien-aimé…pour m’enseigner l’humilité vous ne pouvez vous abaisser davantage, aussi je veux, afin de répondre à votre amour, désirer que mes sœurs me mettent toujours à la dernière place et bien me persuader que cette place est la mienne… Je le sais ô mon Dieu, vous abaissez l’âme orgueilleuse mais à celle qui s’humilie vous donnez une éternité de gloire, je veux donc me mettre au dernier rang, partager vos humiliations afin d’avoir part avec vous dans le Royaume des Cieux… Pri 20
[…]Allumer le feu ! Voilà une mission étonnante pour Celui qui déclare bienheureux les artisans de paix. Mais Jésus cherche-t-il vraiment la division et la guerre ? Ou bien veut-il prévenir qu’en prenant position en faveur de l’Évangile, le disciple s’expose à l’incompréhension, chacun étant libre d’accueillir ou de rejeter son message. Demandons-lui l’audace d’aller jusqu’au bout de notre foi au risque de rencontrer l’opposition ou de créer la division. En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » Lc 12, 49-53 Thérèse qui s’est laissée embraser par l’Amour fou de Dieu n’a d’autre désir que de le répandre et le faire connaître. Cependant, son expérience rejoindra celle de la Vierge Marie, témoin de l’opposition suscitée par la venue de ce Dieu d’amour qu’elle a mis au monde. Rappelle-toi de la très douce Flamme Que tu voulais allumer dans les cœurs. Ce feu du Ciel, tu l’as mis en mon âme Je veux aussi répandre ses ardeurs. Une faible étincelle, ô mystère de vie Suffit pour allumer un immense incendie Que je veux, ô mon Dieu Porter au loin ton Feu Rappelle-toi PN 24, 17 11. Je t’aime te mêlant avec les autres femmes Qui vers le temple saint ont dirigé leurs pas Je t’aime présentant le Sauveur de nos âmes Au bienheureux Vieillard qui le presse en ses bras, D’abord en souriant j’écoute son cantique Mais bientôt ses accents me font verser des pleurs. Plongeant dans l’avenir un regard prophétique Siméon te présente un glaive de douleurs. 12. O Reine des martyrs, jusqu’au soir de ta vie Ce glaive douloureux transpercera ton cœur Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie Pour éviter d’un roi la jalouse fureur. Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile Joseph vient te prier de partir à l’instant Et ton obéissance aussitôt se dévoile Tu pars sans nul retard et sans raisonnement. PN 54
[…]En 1909 Céline Martin, Soeur Geneviève de la Ste Face, a 40 ans. L’autobiographie de sa sœur Thérèse, l’histoire d’une âme, se répand dans le monde et son procès de béatification va s’ouvrir bientôt. C’est alors que la Prieure du Carmel lui demande d’écrire sa propre autobiographie. Dans ce récit plein de vie et d’humour elle raconte, de sa naissance à sa vie au Carmel, les chemins déroutants par lesquels Jésus la conduite. L’autobiographie inédite de Céline apporte un regard nouveau sur la personnalité de Thérèse. Aux scènes relatées dans Histoire d’une âme, Céline confie d’autres anecdotes sur sa vie au Carmel. Dans cet écrit, sa petite sœur tient une place centrale, tant elle la chérissait et admirait ses vertus, allant jusqu’à voir en elle une figure de sainteté proche de la Sainte Vierge : « Si je n’ai point vu le modèle, j’aime à me persuader que j’ai vu la copie. » Après sa mort, c’est Céline qui plaida sa cause en canonisation en défendant au procès ecclésiastique sa « petite voie » si novatrice : « Ce n’était pas ma sœur que je voulais faire monter sur les autels, mais l’instrument dont le bon Dieu s’était servi pour montrer aux âmes “la voie de l’enfance spirituelle” afin qu’il produise tout l’effet pour lequel il avait été créé. » En promulguant le décret sur l’héroïcité des vertus de Thérèse, le pape Benoît XV saluera cette « voie de la confiance et de l’abandon ». Bonne lecture pour aller de découvertes en découvertes. « Autobiographie de la sœur et novice de la Petite Thérèse. Histoire d’un tison arraché du feu. » Edition du Carmel. 386 pages. 20 Euros
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