Passer de la crainte à la confiance…
Tandis que le maître part en voyage, les serviteurs sont convoqués à un « déplacement », à un « dépassement ». Ils ont tous reçu la mission de faire fructifier les dons confiés « chacun selon ses capacités ». Le dépassement des premiers est réussi, porte du fruit, et aboutit à la joie partagée. Mais le troisième n’a su ni se dépasser, ni dépasser l’image qu’il a de son maître qu’il perçoit comme « un homme dur ».
Passer d’une relation de crainte à une relation de confiance, voilà l’invitation que nous fait le Seigneur pour faire fructifier les dons reçus.
Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’
Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ » Mt 25, 14-30
Accueillons deux attitudes proposées par Thérèse : demeurer dans la gratitude et vivre dans l’humilité, pour nous établir d’une manière juste devant Dieu, dans l’attente patiente et vigilante de son retour.
Thérèse s’est toujours émerveillée devant les grâces reçues du Seigneur. Dans une attitude de gratitude devant la grâce divine, elle expérimente que « pour une grâce fidèlement reçue, le Seigneur en accorde d’autres », une manière « gracieuse » de laisser fructifier la grâce en nous.
Des grâces aussi grandes ne devaient pas rester sans fruits, aussi furent-ils abondants, la pratique de la vertu nous devint douce et naturelle ; au commencement mon visage trahissait souvent le combat, mais peu à peu cette impression disparut et le renoncement me devint facile même au premier instant. Jésus l’a dit : «A celui qui possède, on donnera encore et il sera dans l’abondance.» Pour une grâce fidèlement reçue, Il m’en accordait une multitude d’autres… Ms 48v°
Une autre attitude peut paraître déconcertante ! Elle s’adresse à sa sœur Céline pour sa profession religieuse. Elle lui écrit au nom de Jésus sous la forme d’un « CONTRAT D’ALLIANCE DE JESUS AVEC CELINE ». Thérèse conduit Céline à avoir une attitude humble et désintéressée devant les dons reçus laissant Jésus agir selon ce qu’Il lui plait, sans en tenir orgueil… en supportant « patiemment l’absence de son Chevalier, le laissant combattre seul afin que lui seul ait l’honneur de la victoire », laissant à Céline de « se contenter de manier le glaive de l’Amour. »
Moi Jésus, le Verbe Eternel, le Fils unique de Dieu et de la Vierge Marie, j’épouse aujourd’hui Céline, (…) Je veux qu’elle cache les dons qu’elle a reçus de moi, me laissant les lui donner et reprendre comme Il me le plaira, ne s’attachant à aucun, oubliant même tout ce qui peut la grandir à ses yeux comme à ceux des créatures. LT 183, 24 février 1896
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CONTRAT D’ALLIANCE DE JÉSUS AVEC CÉLINE
Moi Jésus, le Verbe Éternel, le Fils unique de Dieu et de la Vierge Marie, j’épouse aujourd’hui Céline, princesse exilée, pauvre et sans titres. Je me donne à elle sous le nom de chevalier de l’Amour, de la Souffrance et du Mépris.
Mon intention n’est pas encore de rendre à ma Bien-Aimée sa Patrie, ses Titres et sa Richesse. Je veux qu’elle partage le sort qu’il m’a plu de choisir sur la terre… Ici-bas, mon Visage est caché, mais elle sait me reconnaître alors que les autres me méprisent ; en retour, je place aujourd’hui sur sa tête le Heaume de salut et de grâce, afin que son Visage soit caché comme le mien… Je veux qu’elle cache les dons qu’elle a reçus de moi, me laissant les lui donner et reprendre comme il me plaira, ne s’attachant à aucun, oubliant même tout ce qui peut la grandir à ses yeux comme à ceux des créatures.
Ma Bien-Aimée s’appellera désormais : Geneviève de Sainte Thérèse (son titre le plus glorieux, celui de : Marie de la Sainte Face. demeurera caché sur la terre afin de briller au Ciel d’un éclat incomparable). Elle sera bergère de l’unique Agneau qui devient son Epoux. Notre union enfantera des âmes plus nombreuses que les étoiles du firmament, et la famille de la séraphique Thérèse se réjouira de la splendeur nouvelle qui lui sera donnée.
Geneviève supportera patiemment l’absence de son Chevalier, le laissant combattre seul afin que lui seul ait l’honneur de la victoire ; elle se contentera de manier le glaive de l’Amour. Comme une douce mélodie sa voix me charmera au milieu des camps. Le plus léger de ses soupirs d’Amour embrasera d’une ardeur toute nouvelle mes troupes d’élite.
Moi la Fleur des Champs. le Lys des Vallées, la nourriture que je veux donner à ma Bien-Aimée sera le Froment des Elus, le Vin qui fait germer les Vierges… Elle recevra cette nourriture des mains de l’Humble et Glorieuse Vierge Marie, notre Mère à tous les deux…
Je veux Vivre en ma Bien-Aimée et, pour gage de cette vie, je lui donne mon Nom. ce cachet royal sera la marque de sa toute-puissance sur mon Cœur.
DEMAIN, JOUR DE L’ETERNITE, je lèverai mon Casque… Ma Bien-Aimée verra l’éclat de ma Face Adorable… Elle entendra le Nom Nouveau que je lui réserve… Elle recevra pour sa Grande Récompense la bienheureuse Trinité ! Après avoir partagé la même Vie cachée, nous jouirons dans Notre Royaume des mêmes Gloires, du même Trône, de la même Palme et de la même Couronne… Nos deux Cœurs unis pour l’Eternité s’Aimeront du même Eternel Amour ! ! !…
Donné sur ta Montagne du Carmel sous notre seing et le sceau de nos armes, en la fête de mon Agonie, le vingt-quatrième jour de Février, l’an de grâce mil huit cent quatre-vingt-seize.
Th. de l’Enfant Jésus éditeur du chevalier divin
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