Un geste inattendu : laver les pieds de ses disciples !
Dans ce geste d’une grande humilité qui précède l’institution de l’Eucharistie, Jésus, le Fils de Dieu, met en lumière son Amour infini pour nous. C’est aux pieds de chacun de nous qu’Il s’abaisse.
Lui, le Maître, le Seigneur, le Serviteur, n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu. Ce que Jésus attend de nous aujourd’hui, c’est d’entrer dans sa manière d’être, entièrement livré pour les autres. En réponse à cet amour sans mesure, il nous appartient d’inventer les petits gestes qui rendent service, consolent, disent la tendresse infinie du cœur de Dieu pour chacun. Jésus a besoin de nous, de nos bras, de notre cœur pour Aimer COMME Il nous a aimés.
Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »
Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : «Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » Jn 13, 1-15
A sa manière, Ste Thérèse explicite cette parole et ce geste de Jésus dans son Ms C 12r°:
Cette année, ma Mère chérie, le bon Dieu m’a fait comprendre ce que c’est que la charité ; avant je le comprenais, il est vrai, mais d’une manière imparfaite; je n’avais pas approfondi cette parole de Jésus : «Le second commandement est semblable au premier: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Je m’appliquais surtout à aimer Dieu et c’est en l’aimant que j’ai compris qu’il ne fallait pas que mon amour se traduisît seulement par des paroles, car : «Ce ne sont pas ceux qui disent: Seigneur, Seigneur! qui entreront dans le royaume des Cieux, mais ceux qui font la volonté de Dieu.»
Cette volonté, Jésus l’a fait connaître plusieurs fois, je devrais dire presque à chaque page de son évangile ; mais à la dernière cène, lorsqu’Il sait que le cœur de ses disciples brûle d’un plus ardent amour pour Lui qui vient de se donner à eux, dans l’ineffable mystère de son Eucharistie, ce doux sauveur veut leur donner un commandement nouveau. Il leur dit avec une inexprimable tendresse : Je vous fais un commandement nouveau, c’est de vous entr’aimer, et que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez les uns les autres. La marque à quoi tout le monde connaîtra que vous êtes mes disciples, c’est si vous vous entr’aimez.
Comment Jésus a-t-Il aimé ses disciples et pourquoi les a-t-Il aimés ? Ah ! ce n’était pas leurs qualités naturelles qui pouvaient l’attirer, il y avait entre eux et Lui une distance infinie. Il était la science, la Sagesse éternelle, ils étaient de pauvres pêcheurs, ignorants et remplis de pensées terrestres. Cependant Jésus les appelle ses amis, ses frères. Il veut les voir régner avec Lui dans le royaume de son Père et pour leur ouvrir ce royaume Il veut mourir sur une croix car Il a dit : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Mère bien-aimée, en méditant ces paroles de Jésus, j’ai compris combien mon amour pour mes sœurs était imparfait, j’ai vu que je ne les aimais pas comme le Bon Dieu les aime ? Ah ! je comprends maintenant que la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leurs faiblesses, à s’édifier des plus petits actes de vertus qu’on leur voit pratiquer, mais surtout j’ai compris que la charité ne doit point rester enfermée dans le fond du cœur : Personne, a dit Jésus, n’allume un flambeau pour le mettre sous le boisseau, mais on le met sur un chandelier pour qu’il éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Il me semble que ce flambeau représente la charité qui doit éclairer, réjouir, non seulement ceux qui me sont le plus chers, mais tous ceux qui sont dans la maison, sans excepter personne.
Lorsque le Seigneur avait ordonné à son peuple d’aimer son prochain comme soi-même, Il n’était pas encore venu sur la terre ; aussi sachant bien à quel degré l’on aime sa propre personne, Il ne pouvait demander à ses créatures un amour plus grand pour le prochain. Mais lorsque Jésus fit à ses apôtres un commandement nouveau, son commandement à lui, comme Il le dit plus loin, ce n’est pas d’aimer le prochain comme soi-même qu’Il parle mais de l’aimer comme Lui, Jésus, l’a aimé, comme Il l’aimera jusqu’à la consommation des siècles…
Ah ! Seigneur, je sais que vous ne commandez rien d’impossible, vous connaissez mieux que moi ma faiblesse, mon imperfection, vous savez bien que jamais je ne pourrais aimer mes sœurs comme vous les aimez, si vous-même, ô mon Jésus, ne les aimiez encore en moi. C’est parce que vous vouliez m’accorder cette grâce que vous avez fait un commandement nouveau. – Oh ! que je l’aime puisqu’il me donne l’assurance que votre volonté est d’aimer en moi tous ceux que vous me commandez d’aimer !…
Oui je le sens, lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs. Lorsque je veux augmenter en moi cet amour, lorsque surtout le démon essaie de me mettre devant les yeux de l’âme les défauts de telle ou telle sœur qui m’est moins sympathique, je m’empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs, je me dis que si je l’ai vue tomber une fois elle peut bien avoir remporté un grand nombre de victoires qu’elle cache par humilité, et que même ce qui me paraît une faute peut très bien être à cause de l’intention un acte de vertu..
A l’école de Ste Thérèse, nous savons que rien n’est petit si c’est offert avec Amour. Elle nous livre son secret dans sa poésie « Jeter des fleurs » :
1.Jésus, mon seul Amour, au pied de ton Calvaire
Que j’aime chaque soir à te jeter des Fleurs !…
En effeuillant pour toi la rose printanière
Je voudrais essuyer tes pleurs……
R.1 Jeter des Fleurs, c’est t’offrir en prémices.
Les plus légers soupirs, les plus grandes douleurs.
Mes peines et mes joies, mes petits sacrifices.
Voilà mes fleurs !….
3. Les pétales des fleurs, caressant ton Visage
Te disent que mon cœur est à toi sans retour
De ma rose effeuillée tu comprends le langage
Et tu souris à mon amour. PN 34
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