Avançons au désert avec Jésus !
Ne restons pas endormis et immobiles ! Notre marche vers Pâques est commencée depuis le mercredi des Cendres. A partir d’aujourd’hui, nous accompagnons Jésus dans son cheminement, et sa route nous conduit au désert. C’est le temps pour Jésus d’éprouver la fragilité humaine. Il consent à cette faiblesse et reçoit la force de l’Esprit. Par où Il passe, nous aussi, ses disciples, il nous faudra passer.
Près de Lui, regardons comment Il agit et réagit. Comme Lui, il nous arrive d’être tiraillés. En contemplant Jésus, nous pouvons avancer et avec Lui, sortir libérés. Sa Parole nous éclaire et nous fait vivre dans l’Espérance, avec la force de l’Esprit qui nous est donnée.

En ce temps-là, Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse  au désert, et dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.» Mc 1, 12-15

Ces dernières paroles de l’Évangile, nous les avons entendues mercredi, lorsque nous avons reçu les cendres sur le front. Demandons au Seigneur pour cette 1ère semaine, d’augmenter notre foi en sa Parole, qui, seule, peut nous « convertir », nous re-tourner vers Lui et nous faire vivre. 
Pendant ce Carême, nous aurons sans doute à vivre des combats, à affronter des tentations.
Les conseils du Pape François peuvent nous inspirer et accompagner notre route de carême pour avancer sur un chemin de liberté avec Jésus.

« Pour que notre Carême soit aussi concret, dit-il, la première démarche est de vouloir voir la réalité. Lorsque, dans le buisson ardent, le Seigneur attira Moïse et lui parla, il se révéla immédiatement comme un Dieu qui voit et surtout qui écoute : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel » (Ex 3, 7-8). Aujourd’hui encore, le cri de tant de frères et sœurs opprimés parvient au ciel. Posons-nous la question : est-ce qu’il nous parvient à nous aussi ? Nous ébranle-t-il ? Nous émeut-il ? De nombreux facteurs nous éloignent les uns des autres, en bafouant la fraternité qui, à l’origine, nous liait les uns aux autres.
Lors de mon voyage à Lampedusa, j’ai opposé à la mondialisation de l’indifférence deux questions de plus en plus actuelles : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9) et « Où est ton frère ? » (Gn 4, 9). Le parcours de Carême sera concret si, en les écoutant à nouveau, nous reconnaissons que nous sommes encore sous la domination du Pharaon…

Dieu ne s’est pas lassé de nous. Accueillons le Carême comme le temps fort durant lequel sa Parole s’adresse de nouveau à nous : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage » (Ex 20, 2). C’est un temps de conversion, un temps de liberté. Jésus lui-même, comme nous le rappelons chaque année à l’occasion du premier dimanche de Carême, a été conduit par l’Esprit au désert pour être éprouvé dans sa liberté. Pendant quarante jours, il sera devant nous et avec nous : il est le Fils incarné. Contrairement au Pharaon, Dieu ne veut pas des sujets, mais des fils. Le désert est l’espace dans lequel notre liberté peut mûrir en une décision personnelle de ne pas retomber dans l’esclavage… 

Cela implique une lutte : le livre de l’Exode et les tentations de Jésus dans le désert nous le disent clairement. À la voix de Dieu, qui dit : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 11) et « Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi » (Ex 20, 3), s’opposent en effet les mensonges de l’ennemi. Les idoles sont plus redoutables que le Pharaon : nous pourrions les considérer comme sa voix en nous. Pouvoir tout faire, être reconnu par tous, avoir le dessus sur tout le monde : chaque être humain ressent en lui la séduction de ce mensonge. C’est une vieille habitude. Nous pouvons nous accrocher ainsi à l’argent, à certains projets, à des idées, à des objectifs, à notre position, à une tradition, voire à certaines personnes. Au lieu de nous faire avancer, elles nous paralyseront. Au lieu de nous rapprocher, elles nous opposeront. Mais il y a une nouvelle humanité, le peuple des petits et des humbles qui n’a pas succombé à l’attrait du mensonge. Alors que les idoles rendent muets, aveugles, sourds, ou immobiles ceux qui les servent (cf. Ps 114, 4), les pauvres en esprit sont immédiatement ouverts et prêts : une silencieuse force de bien qui guérit et soutient le monde. » (Message du carême 2024)

Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte Face nous livre à son tour, son expérience du combat et de ses armes pour combattre : ses mortifications. D’une grande simplicité apparente, elles n’en sont pas moins exigeantes car elles vont à l’encontre de notre nature humaine  !! Un réel chemin de re-tournement de notre propre volonté.

Mes mortifications consistaient à briser ma volonté, toujours prête à s’imposer, à retenir une parole de réplique, à rendre de petits services sans les faire valoir… Ms A 68 v

Quand nous sommes incomprises et jugées défavorablement, à quoi bon se défendre, s’expliquer ? Laissons cela tomber, ne disons rien, c’est si doux de ne rien dire, de se laisser juger n’importe comment.[…] O bienheureux silence, qui donne tant de paix à l’âme ![…] Ce que le Bon Dieu nous demande c’est de ne pas nous arrêter aux fatigues de la lutte, c’est de ne pas nous décourager ! DE 6 avril 1897