Et si nous entrions en carême avec Ste Thérèse ? Elle nous redit le sens profond de ce temps privilégié offert par l’Eglise. La charité oriente toutes nos « résolutions ». Laissons sa sœur Geneviève nous partager ses souvenirs.
Sur la charité, notre sainte petite Sœur ne tarissait jamais. Elle me communiqua la lumière qu’elle avait reçue en lisant ce passage d’Isaïe 58 :
« Le jeûne que je demande consiste-t-il à faire qu’un homme afflige son âme pendant un jour, qu’il prenne le sac et la cendre ? Est-ce là ce que nous appelons un jeûne et un jour agréable au Seigneur ? Le jeûne que j’approuve, n’est-ce pas plutôt celui-ci ? Rompez les chaînes de l’impiété, déchargez de leurs lourds fardeaux ceux qui en sont accablés, renvoyez libres ceux qui sont opprimés et brisez tout ce qui charge les autres. Partagez votre pain avec celui qui a faim et faites entrer dans votre maison les pauvres et ceux qui ne savent pas où se retirer. Lorsque vous verrez un homme nu, revêtez-le et ne méprisez pas votre propre chair. »
Et reprenant chacune de ces expressions, elle me les expliquait en me disant qu’il y avait, à l’égard de ces âmes, une bien plus grande charité à pratiquer qu’à l’égard des corps : Il y a des pauvres partout, des âmes faibles, malades, opprimées…Eh bien ! Prenez leurs fardeaux. Renvoyez-les libres, c’est-à-dire quand on parle devant vous de quelque défaut de vos Sœurs, n’ajoutez jamais… Adroitement, car quelquefois il n’est pas à propos de contredire, mettez leurs vertus en balance, renvoyez libres ceux qui sont opprimés et brisez tout ce qui charge les autres. Partagez votre pain, c’est-à-dire donnez de vous-même, faites entrer dans votre maison, prodiguez-vous, donnez de vos biens : votre tranquillité, votre repos à ceux qui ne savent où se retirer, qui sont pauvres.
Et poursuivant sa citation : « Alors votre lumière éclatera comme l’aurore, vous recouvrerez bientôt votre santé, votre justice marchera devant vous et la gloire du Seigneur vous protégera. Alors, vous invoquerez le Seigneur et il vous exaucera. Vous crierez et il vous dira : me voici. Si vous détruisez les chaînes parmi vous, si vous cessez d’étendre la main et de dire des paroles outrageantes, si vous assistez le pauvre avec effusion, si vous consolez l’âme affligée, la lumière se lèvera pour vous dans les ténèbres et vos ténèbres deviendront comme le midi, le Seigneur vous donnera pour toujours le repos, il remplira votre âme de splendeur; il ranimera vos os; vous deviendrez comme un jardin toujours arrosé et comme une fontaine dont les eaux ne tarissent jamais. (Ce passage a été appliqué par l’Eglise à la sainte elle-même, dans l’office liturgique de sa fête: antienne du Benedictus.) Les lieux déserts depuis des siècles seront remplis d’édifices; vous relèverez les fondements abandonnés pour une longue suite d’années et l’on dira de vous que vous réparez les murailles et que vous rendez les chemins sûrs. »
Elle continuait : Vous venez d’entendre la récompense ! Si vous cessez de dire des paroles peu charitables, si vous brisez les chaînes des âmes captives par votre douceur et votre affabilité; si vous assistez les âmes pauvres et délaissées avec effusion, c’est-à-dire avec cœur, avec amour, avec désintéressement, si vous consolez ceux qui souffrent, vous recouvrerez votre santé intérieure, votre âme ne languira plus. Votre justice marchera devant vous. Mais comme ces œuvres pour être profitables doivent demeurer cachées, comme le propre de la vertu, semblable à l’humble violette, est d’embaumer sans que les créatures sachent d’où vient ce parfum : la gloire du Seigneur vous protégera, pas votre gloire propre, mais la gloire du Seigneur ! Et le Seigneur vous exaucera, Il vous donnera le repos, une lumière se lèvera pour vous dans les ténèbres et vos ténèbres deviendront pour vous comme le midi, non pas que les ténèbres disparaîtront car les épreuves ne peuvent manquer à une âme, mais vos ténèbres seront lumineuses…et vous aurez la paix, la joie, une clarté brillera toujours pour vous-même, au milieu de la nuit intérieure.
Vous deviendrez comme un jardin toujours arrosé, comme une fontaine dont les eaux ne tarissent jamais, à laquelle toutes les âmes, toutes les créatures puisent sans lui faire tort. Mais ce n’est pas tout, prêtez attention à la dernière récompense : Les lieux déserts depuis des siècles seront remplis d’édifices, vous relèverez les fondements. Qu’est-ce à dire ? Comment, en pratiquant la charité, l’amour du prochain, puis-je bâtir des édifices !
Cela ne se ressemble pas, n’a aucun rapport ?…Et pourtant les anges dans le ciel diront de vous que vous réparez les murailles et que vous rendez les chemins sûrs…En disant cela, elle me regardait avec enthousiasme…Quel mystère ! Par nos petites vertus, notre charité pratiquée dans l’ombre, nous convertissons au loin les âmes…nous aidons les missionnaires…et même, au dernier jour, on dira peut-être que nous avons bâti des demeures matérielles à Jésus et préparé ses voies…
Conseils et Souvenirs
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