Marie, la sœur aînée de Thérèse est l’un des témoins de la guérison de sa jeune sœur par la Vierge Marie.

Marie(A noter que lors de sa déposition, l’émotion sans doute, lui fait commettre une erreur sur la date de la guérison qui a bien eu lieu le 13 mai 1883 et non le 10 .)

Marie raconte :

« A 10 ans, Thérèse fut atteinte d’une étrange maladie, qui, selon moi, ne pouvait venir que du démon, à cause des phénomènes surnaturels qui se produisaient. Cette maladie se déclara quelques mois après l’entrée au Carmel de mère Agnès de Jésus, vers la fin de mars 1883.
A partir du 7 avril jusqu’au 10 mai, jour où la Sainte Vierge l’a guérie, elle resta dans un état navrant. Elle avait plusieurs fois la semaine, des crises de terreurs si extraordinaires, qu’un savant docteur, monsieur Notta, aujourd’hui décédé, disait n’avoir jamais rencontré pareil cas. Je l’ai entendu avouer à mon père son impuissance. Il prononça même ces paroles: « Qu’on appelle cela du nom que l’on voudra, mais pour moi, ce n’est pas de l’hystérie.» Les objets les plus insignifiants prenaient à ses yeux la forme de monstres horribles et elle jetait des cris de terreur.Notre_Dame_Sourire
Fréquemment, elle était poussée par une force inconnue à se précipiter la tête en avant, de son lit sur le pavé. D’autres fois, elle se frappait la tête avec violence contre le bois du lit. Quelquefois, elle voulait me parler: aucun son ne se faisait entendre, elle articulait seulement les mots, sans pouvoir les prononcer. Une particularité qui me frappa beaucoup, c’est que, à diverses reprises, sous cette influence que je crois diabolique, elle se mettait tout à coup à genoux, et, sans s’aider de ses mains, appuyant sa tête sur le lit, cherchait à faire revenir ses pieds en avant. Or, dans cette attitude qui devait infailliblement la découvrir, elle restait toujours modestement enveloppée, à mon grand étonnement : ne pouvant m’expliquer cela, je l’attribuais à une intervention céleste. Dans l’intervalle des crises, elle restait dans un état d’épuisement.
La crise la plus terrible de toutes fut celle dont elle parle dans sa vie. Je crus qu’elle allait y succomber. La voyant épuisée dans cette lutte, je voulus lui donner à boire, mais elle s’écria avec terreur : « Ils veulent me tuer; ils veulent m’empoisonner ».  C’est alors que je me jetai avec mes sœurs aux pieds de la Sainte Vierge la conjurant d’avoir pitié de nous. Mais le ciel semblait sourd à nos supplications. Par trois fois je renouvelai la même prière.Therese_fixe_la_Vierge_du_sourire
A la troisième fois, je vis Thérèse fixer la statue de la Sainte Vierge; son regard était irradié, comme en extase. Je compris qu’elle voyait, non la statue, mais la Sainte Vierge elle-même. Cette vision me parut durer quatre ou cinq minutes, puis deux grosses larmes tombèrent de ses yeux, et son regard doux et limpide se fixa sur moi avec tendresse.
Je ne m’étais pas trompée, Thérèse était guérie. Quand je fus seule avec elle, je lui demandai pourquoi elle avait pleuré.
Elle hésita à me confier son secret, mais, s’apercevant que je l’avais deviné, elle me dit: « C’est parce que je ne la voyais plus .»

Ce récit est tiré du Procès Apostolique.
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