Une Eucharistie festive nous a rassemblés le 5 juin 2018, autour de notre doyenne, Sœur Pierre-Marie pour ses 100 ans. Entourée de ses Sœurs Oblates de Ste Thérèse, des amis de la communauté ainsi que de Mme le maire de Rocques, notre Sœur a tenu à ce que sa vie soit regardée à travers la Miséricorde du Seigneur. Comme Ste Thérèse l’écrit au début de son manuscrit A, Sr Pierre-Marie s’exclame émerveillée et avec la simplicité que nous lui connaissons :
… je ne vais faire qu’une seule chose : Commencer à chanter ce que je dois redire éternellement : « Les Miséricordes du Seigneur!!! »…
Un siècle retracé en quelques événements au début de la célébration :
Vous aimez dire, Sœur Pierre-Marie, que votre vie a donné beaucoup d’occasions au Seigneur d’exercer sa miséricorde. Elle a marqué votre histoire et votre vie religieuse. Le Pape François écrit qu’ « elle est la clé du ciel. »
Nous allons donc chanter ensemble, dans la reconnaissance, cette miséricorde infinie du Seigneur.
Un siècle c’est une belle vie ! Une vie marquée par une double vocation !
Une belle vie qui prend sa source au bord de la mer, le 5 juin 1918, à Beauvoir-sur-Mer en Vendée. Vos parents sont chrétiens. Leur foi a su développer dans la vie familiale les valeurs de l’Evangile, et disposer le cœur de leurs 2 enfants à entendre l’appel du Seigneur. Votre frère Pierre deviendra prêtre. Vous entretiendrez une relation fraternelle très forte. Pendant 1 an, vous demeurez au presbytère pour l’aider dans son ministère. Puis, en devenant religieuse, vous prendrez le nom de Sr Pierre-Marie …
Une belle vie qui aurait pu durer seulement 10 ans, si elle n’avait été marquée par une grâce de Ste Thérèse ! En effet, lorsque vous avez été atteinte de la maladie du croup, votre frère Pierre alors séminariste, initie une neuvaine de prière à la toute jeune sainte : Thérèse de l’Enfant-Jésus, pour demander votre guérison. Or, le matin où le médecin revient et à sa grande surprise, vous trouve guérie, il s’écrit : « c’est un miracle ! »
Débute alors votre relation toute particulière avec Ste Thérèse.
Un siècle : une vie marquée par une première vocation : celle d’enseignante !
Toute petite, vous reproduisez les gestes de vos maîtresses en jouant avec vos cartes postales qui font office d’élèves ! Très tôt, vous sentez naître en vous ce désir fort d’enseigner. C’est votre première vocation profonde. Elle façonne en vous, le goût du travail bien fait, méthodique, rigoureux.
Pendant 8 ans, vous enseignez chez les Sœurs Ursulines à St Jean de Monts. Vous y fréquentez le cours St Benoît où vous retrouvez d’autres compagnes et ensemble vous priez, méditez. C’est sans doute dans ce cadre privilégié que l’appel à la vie religieuse entendu à l’âge de 15 ans a pu resurgir et mûrir.
Pourtant, c’est dans la Congrégation des Sœurs Oblates de Ste Thérèse que vous décidez d’entrer le 15 sept 1945, « pour Thérèse ». Vous avez 27 ans. Avec votre caractère entier et déjà une grande liberté, vous savez ce que vous voulez : vous donner tout entière à Celui qui vous appelle.
Le 17 mars 1948, vous faites profession temporaire. Il y a donc 70 ans !
La vocation religieuse est venue naturellement se fondre dans celle d’enseignante.
Jusqu’en 1983, vous avez vécu votre mission de Sœur Oblate de Ste Thérèse en communauté et essentiellement comme institutrice : à Argentré en Mayenne, à Vassy et Courcy dans le Calvados, et Sore dans les Landes.
A travers les matières scolaires que vous enseignez, c’est aussi la tendresse et la miséricorde d’un Dieu Père que vous expérimentez pour vous-même et que vous désirez transmettre aux enfants. Vous avez eu à cœur de trouver les moyens, les mots adaptés à chaque âge pour que le Seigneur touche leur cœur.
A partir d’exemples très concrets, vous leur expliquez qu’il y a des manières chrétiennes et non chrétiennes de faire un travail. Votre désir est toujours de les aider à se découvrir aimés de Dieu et de leur apprendre à tout faire par amour pour Lui.
Lorsque l’âge de la retraite sonne, vous venez à la Maison Mère. Votre sérieux et votre rigueur sont précieux pour suivre les remboursements de nos feuilles de soin, et autres services de la CAMAC. Il n’est pas une erreur qui vous échappe ! Vous êtes heureuse de continuer ce travail aujourd’hui.
L’une de vos grandes joies sera aussi d’aller pendant de nombreuses années à la maison des Buissonnets accueillir visiteurs et pèlerins. Votre sourire, votre qualité d’écoute et de présence sont appréciés. Vous tenez à votre poste favori : celui de la boutique car il offre des possibilités d’échanges avec ceux qui désirent parler. C’est un lieu de rencontres où vont naître des amitiés bouleversantes et qui durent … Vous les confiez dans la prière à Notre-Dame du Sourire.
Le Seigneur vous a accordé des talents que vous avez su faire fructifier et mettre au service des enfants comme de la communauté. Vous avez en particulier, l’art de la mise en scène, du théâtre ; vous aimez les histoires drôles, les poèmes, l’écriture, les jeux (à condition de respecter les règles et aussi que vous gagniez !). Le bricolage vous permet encore de créer des cartes adaptées aux destinataires et aux évènements. La communauté bénéficie encore aujourd’hui de votre participation lors des fêtes.
Vous aimez les livres bien sûr et savez les classer avec méthode. La bibliothèque de la maison-Mère vous a donné l’occasion d’entretenir et de partager ce goût de la lecture avec vos sœurs et en particulier avec celles qui se déplaçaient difficilement. Longtemps, vous avez patiemment cherché le livre qui pourrait plaire à l’une ou l’autre et le lui proposer.
Âme de prière, l’allée du bois a favorisé vos promenades quotidiennes et permis d’égrener votre chapelet aux intentions qui vous sont confiées. Vous savez combien la puissance de la prière peut attirer et retourner des cœurs vers Jésus. Prier pour sauver des âmes, pour que Jésus soit connu et aimé. Une mission de toute une vie et pour toute la vie.
Aujourd’hui, l’épreuve de la surdité vous empêche de tout comprendre alors que tout vous intéresse ! Cela ne vous empêche pas de participer à la vie de la communauté. Mais l’essentiel ne vous échappe pas !
Un siècle et une vie qui se simplifie, dites-vous. Une vie dont nous rendons grâce. Avec vous, nous continuons d’offrir chaque jour au Seigneur, les petits riens de la vie quotidienne, avec confiance car, son amour leur donne une valeur infinie.
Nous pourrions chanter :
Notre Dieu nous choisit à tout âge – même à 100 ans ! – pour sa Bonne Nouvelle
Il suscite sans cesse des énergies nouvelles,
Pour lui rendre la vie qu’Il nous donne à mains pleines !
Si Thérèse avait vécu 100 ans je me demande si elle n’aurait pas un peu ressemblé à soeur Pierre-Marie ?!
Il est permis de le penser étant donnée sa vivacité d’esprit, en effet ! Ce que nous savons c’est que Thérèse est une amie très proche de notre sœur ! Son témoignage est précieux pour nous toutes et pour ses amis très chers comme vous !