Aujourd’hui je vous propose de commencer par une histoire … une histoire vraie bien sûr !   Elle se passe dans un jardin minuscule, au pied du « Pétunia » ( pas la fleur, l’immeuble),  dans un quartier en rénovation, ou plutôt, dans la partie du quartier qui n’est pas au « cœur du projet » … Ce jardin a commencé par des branches tressées qui ont très vite donné des feuilles et qui ont supporté, presque sans dommage, les coups de mistral du printemps. Puis des plantes, des fleurs ont été semées par les enfants.

Je suis passée devant ce jardin un soir …En fait j’y passe souvent. Mais ce soir-là je vois deux petites filles bien affairées. Je leur demande ce qu’elles font :

« C’est un jardin pour les enfants, on a planté, mais il faut faire attention : remettre les cailloux, arroser pour que ça pousse… Regarde, tu veux un radis ?  Elle déterre alors un radis microscopique, l’observe et le remet en terre.  « Non, il est encore trop petit ».  Pendant ce temps sa sœur nettoie soigneusement les racines d’une fleur …  « On a mis des fleurs aussi, c’est plus beau »  – Oui … Mais il ne faut pas les déterrer… « Mais madame, les fleurs, elles mangent par les racines, s’il y a trop de terre elles ne mangeront pas bien … »  

Là-dessus passe un garçon en vélo : « C’est toi la dame qui a crié tout à l’heure ? – Non, moi j’arrive juste. « Parce qu’une dame a crié de la fenêtre de ne pas abîmer le jardin des enfants. Comme elle ne peut pas passer tout son temps à la fenêtre, j’ai écrit à la craie, regarde !  « Attention – jardin – ne pas abîmer »     Puis il est reparti sur son vélo.

 Pourquoi cette histoire ?… pour deux raisons :    ce temps de l’Avent  et  la Vie consacrée

La  Vie  consacrée    tout d’abord :

Cette histoire nous est racontée par une religieuse qui vit dans ce quartier, à Vitrolles dans les Bouches du Rhône. Et elle conclut : « Ce jardin extraordinaire existe vraiment et ressemble tellement à ce que nous faisons : Un peu ridicule, si petit dans la cité, si puéril face aux problèmes des familles, de la ville, du pays et du monde …  Si fragile face aux aléas climatiques, aux incivilités, aux maladresses, aux excès de bonne volonté … Si riche aussi, d’engagements des concepteurs, des animateurs, des enfants, des voisins … Créateurs de liens entre passants, enfants, voisins, liens de mixité sociale et intergénérationnelle. »

Parmi toutes les remises à jour suscitées par le Concile, nous retenons ce souci : « d’aller vers les frères, sans attendre qu’ils viennent à nous »  Avec d’autres formulations, c’est déjà vers les  « périphéries »  que se portent les choix missionnaires de la  Vie religieuse apostolique. Ce fut alors l’éclosion de petites fraternités de proximité qui se sont insérées au cœur des populations … Nombreuses sont celles qui ont choisi de se retrouver en quartiers H.L.M. au milieu des familles d’autres cultures et d’autres religions … D’une manière générale, l’accent missionnaire est déjà mis dans une présence renouvelée aux plus pauvres, que nous recommande encore aujourd’hui le Pape François. Ce projet reste toujours d’actualité, comme dans notre histoire de Vitrolles.

L’Avent : temps  de  renouveau  et  d’Espérance

est merveilleusement illustré par le  « Jardin  des  enfants »  qui semble lui-même tout droit sorti des grands textes d’Isaïe qui ont accompagné notre cheminement vers Noël.    ( Is.  32 / 35 )

« Qu’ils se réjouissent le désert et la terre de la soif ! Le pays aride qu’il exulte et fleurisse ! Qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie… On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. En ce jour-là l’esprit qui vient d’en haut sera répandu sur vous ; le désert deviendra un verger et le verger une grande forêt. Le droit habitera le désert et la justice s’établira dans le verger. Le fruit de la justice sera la paix, le calme et la sécurité pour toujours. Mon peuple habitera un séjour de paix ! »

La  Vie  consacrée aujourd’hui présente dans les ‘quartiers sensibles’ comme on dit, n’a pas d’autre ambition que de rendre présent le Christ en plein cœur des réalités humaines de notre époque. Tout simplement, avec des moyens minuscules, comme dans le « Jardin des enfants »  mais avec tout l’amour de Celui qui est né dans l’étable de Bethléem.

R.C.F.  « Parole de Vie »  jeudi  18 déc. 2014