Jésus nous prend avec lui …

Se laisser prendre par Jésus pour aller avec Lui à l’écart, première étape d’expérience privilégiée avec Jésus à laquelle nous sommes tous invités pour comprendre la Passion qui L’attend !
Se laisser surprendre, sans peur, par la Lumière, la gloire qui attend aussi Jésus, ici manifestée comme réalisation des promesses des Prophètes Moïse et Elie !
Se laisser consoler ! Une voix (intérieure ou extérieure ?) nous précise l’identité de Jésus « le Fils bien-aimé ». La reconnaissance de cette filiation rend possible le passage du cheminement avec le Fils de l’homme au cheminement avec le Fils bien-aimé de Dieu.
Ecoutez-le ! Nous sommes appelés à vivre avec Lui sa Passion et sa Résurrection !

Voilà notre montée avec Jésus pour ce 2ème dimanche de Carême.

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ». Mc 9,2-10

Avec Thérèse

Therese_et_Celine_portraitsA l’inverse de Pierre qui sollicite de demeurer sur la montagne et y dresser trois tentes, Thérèse encourage sa sœur Céline à se réjouir de demeurer dans la vallée, dans le quotidien de la vie où Jésus se plait à la retrouver pour quémander son amour.

Thérèse elle-même ne se trouve pas dans les hauteurs … Jésus l’invite à jouer à la banque de l’amour !! Lisons cette lettre n°142 du 6 juillet 1893. Nous y découvrirons des encouragements pour vivre notre Carême, notre Passion de Jésus avec Lui.

Oh Céline ! comme c’est facile de plaire à Jésus, de ravir son cœur, il n’y a qu’à l’aimer sans se regarder soi-même, sans trop examiner ses défauts… Ta Thérèse ne se trouve pas dans les hauteurs en ce moment mais Jésus lui apprend « A tirer profit de tout, du bien et du mal qu’elle trouve en soi ». Il lui apprend à jouer à la banque de l’amour ou plutôt, non il joue pour elle sans lui dire comment Il s’y prend car cela est son affaire et non pas celle de Thérèse, ce qui la regarde c’est de s’abandonner, de se livrer sans rien réserver, pas même la jouissance de savoir combien la banque lui rapporte. Mais après tout elle n’est pas l’enfant prodigue, ce n’est donc pas la peine que Jésus lui fasse un festin « puisqu’elle est toujours avec Lui ». Notre Seigneur veut laisser « les brebis fidèles dans le désert ». Comme cela m’en dit long !… Il est sûr d’elles ; elles ne sauraient plus s’égarer car elles sont captives de l’amour, aussi Jésus leur dérobe sa présence sensible pour donner ses consolations aux pécheurs, ou bien s’Il les conduit sur le Thabor c’est pour peu d’instants, la vallée est le plus souvent le lieu de son repos. C’est là qu’Il prend son repos à midi. » – Le matin de notre vie est passé, nous avons joui des brises embaumées de l’aurore, alors tout nous souriait, Jésus nous faisait sentir sa douce présence, mais quand le Soleil a pris de la force le bien Aimé « nous a conduites dans son jardin, Il nous a fait recueillir la myrrhe » de l’épreuve en nous séparant de tout et de Lui-même, la colline de la myrrhe nous a fortifiées par ses parfums amers, aussi Jésus nous en a-t-Il fait redescendre et maintenant nous sommes dans la vallée, Il nous conduit doucement le long des eaux… Céline chérie, je ne sais pas trop ce que je te dis, mais il me semble que tu vas comprendre, deviner ce que je voudrais dire. Ah ! soyons toujours la goutte de rosée de Jésus, là est le bonheur, la perfection… Heureusement que c’est à toi que je parle car d’autres personnes ne sauraient comprendre mon langage et j’avoue qu’il n’est vrai que pour bien peu d’âmes, en effet les directeurs font avancer dans la perfection en faisant faire un grand nombre d’actes de vertu et ils ont raison, mais mon directeur qui est Jésus ne m’apprend pas à compter mes actes ; Il m’enseigne à faire tout par amour, à ne Lui rien refuser, à être contente quand Il me donne une occasion de Lui prouver que je l’aime, mais cela se fait dans la paix, dans l’abandon, c’est Jésus [2v°] qui fait tout et moi je ne fais rien. Je me sens bien unie à ma Céline, je crois que le bon Dieu n’a pas fait souvent deux âmes qui se comprennent aussi bien, jamais une note discordante. La main de Jésus qui touche une des lyres fait en même temps vibrer l’autre… Oh ! demeurons cachées dans notre divine fleur des champs jusqu’à ce que les ombres déclinent, laissons les gouttes de liqueur être appréciées des créatures puisque nous plaisons à notre Lys, restons avec bonheur sa goutte, son unique goutte de rosée !… Et pour cette goutte qui l’aura consolé pendant l’exil, que ne nous donnera-t-Il pas dans la patrie ?… Il nous le dit Lui-même : « Que celui qui a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive », ainsi Jésus est et sera notre océan… Comme le cerf altéré nous soupirons après cette eau qui nous est promise mais notre consolation est grande d’être nous aussi l’océan de Jésus, l’océan du Lys des vallées !