Une histoire de 86 années faite de rencontres, de services donnés et reçus, d’amitié, de projets missionnaires en lien avec les Missionnaires de la Plaine, les paroisses, la municipalité, les habitants …

Des rencontres

Février 1908 : Gabriel Martin,âgé de 35 ans, prêtre et missionnaire diocésain lit un livret sur la vie de Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus, carmélite. C’est une véritable rencontre ; sa vie bouleverse et transforme la sienne.
Thérèse devient « sa sœur » et il s’emploie à vivre sa Petite Voie et à diffuser son message de confiance et d’amour envers Dieu, Père de toute bonté envers tous les hommes. 

Octobre 1917 : Béatrix Douillard, âgée de 39 ans et célibataire, entend un sermon sur Sainte Thérèse d’Avila et se sent poussée à lire sa vie, à faire oraison et à se donner davantage aux autres mais surtout au Seigneur.

Juillet 1919 : Le Père Martin rencontre Béatrix Douillard. Elle cherche quelqu’un pouvant l’aider à discerner sa vocation, et il devient son accompagnateur. Progressivement, il l’entretient du projet de l’œuvre d’évangélisation de la Plaine qu’il veut développer dans le Sud-Vendée par des missions et pour faire connaître la Petite Voie spirituelle de Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus : Dieu est amour et miséricorde. De son côté, Béatrix se sent pressée de se consacrer au Seigneur en participant à la réalisation des desseins de Dieu et aux projets du P. Martin.  

Le 3 janvier 1922, le Père Martin écrit à Béatrix: « Des Missions, même répétées, ne suffiront pas à convertir la Plaine. Il faudrait qu’il y ait à demeure des âmes absolument toutes dévouées, animées d’un grand désir de procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes, s’occupant de visiter les malades et les préparer à bien mourir, d’instruire les enfants, de sanctifier la jeunesse… » En recevant ce courrier, Béatrix, qui cherche non sans peine dans quel Institut Dieu l’appelle, sent ses combats s’évanouir : « tout s’est apaisé au reçu de cette lettre. Une grande lumière m’a montré ma voie ». En 1923 elle quitte sa famille pour s’engager dans « l’Œuvre de la Plaine » pour se former à la vie religieuse et aux soins des malades.

Pour le Père Martin, la Congrégation naissante, vouée à Ste Thérèse pour l’aider dans sa mission d’amour, serait complémentaire de celle des Missionnaires de la Plaine, les uns et les autres étant animés d’un même esprit thérésien et vivant en permanence parmi les gens.

Premières années : 1924-1932

Le 25 juin 1924, Melle Béatrix Douillard et une compagne, Marguerite Choblet arrivent à Chaillé-les-Marais dans le Logis St Hilaire, une maison donnée au P. Martin par Mme Fleury pour y établir des œuvres au service de la jeunesse et des vieillards. Le curé de la paroisse les accueille avec joie. Elles sont gardes-malades, veillent près des mourants et s’il le faut, assurent les services de soins, ménage, cuisine… Ces services, – gratuits ou rémunérés en nature, le plus souvent – deviennent l’occasion de demeurer dans les familles, de milieux divers, avec le souci de leur témoigner la bonté de Dieu par leur savoir-faire et leur présence attentive et aimante.
Elles font le catéchisme aux enfants et ouvrent un patronage pour des jeunes filles.
Peu à peu d’autres jeunes femmes se joignent aux deux premières. Mais la maison est insalubre et en 1928, le P. Martin achète le domaine de la Roseraie sur le rocher, pour y établir les Sœurs Oblates de Ste Thérèse. Ce lieu prend le nom d’Immaculée.

En 1932, Monseigneur Garnier n’étant pas disposé à reconnaître canoniquement la Congrégation naissante, le groupe quitte Chaillé. Il s’installe à Lisieux dans une maison non loin du Carmel puis en décembre 1933, les Sœurs arrivent au château de Rocques.

1934 – 1943 : A la Roseraie

Le P. Martin veut faire de la Roseraie/Immaculée un sanctuaire dédié à Notre-Dame de la Miséricorde. Il fait construire une chapelle qui est inaugurée en 1935. Puis, chaque année un pèlerinage est organisé autour du 8 septembre. Les anciennes dépendances sont transformées  et une nouvelle construction est bâtie afin d’accueillir des retraitants.
Le scolasticat des Missionnaires de la Plaine y est installé jusqu’à ce que les Allemands réquisitionnent les lieux (1942-1944)

1943 – 1971 : développement d’œuvres initiées par la paroisse et des retraites A l’immaculée

En septembre 1943, Mgr Cazeau autorise le retour des Sœurs à Chaillé. Elles logent dans la maison paroissiale dite « Maison Lafleur »,  et de nouveau elles s’occupent des œuvres de la paroisse, de l’entretien du presbytère et des soins aux malades.

Septembre 1945. Les noviciats des Pères et des Frères missionnaires de la Plaine reviennent à l’Immaculée. Sr Clément-Marie va assurer l’intendance pour eux, les Sœurs et le curé.
Sr Madeleine (Yvonne Nicolas) est nommée à Chaillé avec Sr Simone Camy pour aider Sr Clément et pour assurer les œuvres paroissiales.

1947. Au départ du P. Martin pour Bassac, le noviciat des Pères regagne Luçon. Les retraites vont pouvoir reprendre dans les bâtiments de l’Immaculée aménagés pour cela. Elles sont animées par les Pères de Chabeuil en lien avec les Missionnaires de la Plaine et les Sœurs Oblates assurent les activités matérielles. Celles-ci quittent la Maison Lafleur pour habiter la Roseraie.

Bientôt à l’initiative du curé, une maison familiale va s’ouvrir à la Roseraie pour promouvoir l’éducation des jeunes filles de 14 à 17 ans comme cela se fait dans la société.

Dans un courrier du 11 novembre 1948, de M. M. Thérèse de la Miséricorde au P. Martin, suite à une visite aux Sœurs, on lit :

« A Chaillé, tout va bien. La petite trinité d’Oblates marche la main dans la main. Elles ont bien du travail avec les retraites et la nouvelle œuvre : maison familiale. Le bon Père Robion est enchanté de son personnel féminin et je le comprends. J’ai l’impression  que le Père des Cieux en reçoit beaucoup d’amour. »

Quelques années plus tard (1950), le compte-rendu annuel des activités des Sœurs rapporte : « La maison de retraite (l’Immaculée) a pris un nouvel essor. Il faut veiller à ce que les semaines de retraite ne soient pas en même temps que celles de la maison familiale« .
En effet, cette activité se développe : 23 jeunes de 12 communes viennent se former. De plus, trois grands-mères sont prises en charge par les Sœurs.

Les soins à domicile sont toujours dispensés et c’est heureux car, note le rapport de 1951 :  » La population n’est pas prête à comprendre les bienfaits d’une Maison de retraites spirituelles ni même de la Maison familiale. Il y a toujours trois grands-mères à la Maison qui totalisent à elles trois 271 ans. »

Cependant, les retraites se développant, la cohabitation des Sœurs, des personnes âgées et des jeunes filles s’avère difficile. Aussi, une séparation des œuvres s’impose.

Ouvertures de la maison Saint Joseph et de la Maison Ste Thérèse

En 1952, la paroisse, (juridiquement la Société Civile Immobilière Chaillezaise) acquiert la maison de Mr Pineau, pharmacien pour : « continuer la Maison Familiale existante…et établir un petit asile pour femmes âgées. Les Sœurs  s’engagent aussi à poursuivre les soins à domicile aux malades de la paroisse ». La Maison est mise sous le patronage de St Joseph.

En 1955, dans le petit messager de Février on lit ceci : 
« La Maison St Joseph voit se développer […] l’accueil de femmes âgées et seules, œuvre qui correspond aux intentions de Mr et Mme Fleury, premiers bienfaiteurs de toutes les œuvres établies à Chaillé ».

Bientôt la Maison St Joseph s’avère trop petite. Et voilà que dans le prolongement de cette propriété, un ancien café/salle de bal est mis en vente. Les Sœurs se constituent en tontine et l’acquièrent le 3 octobre 1955.

Après des travaux, la Maison Ste Thérèse est ouverte. Les archives de l’année 1956 mentionnent : « La Maison des Vieillards de Chaillé s’appelle Maison Ste Thérèse. Elle fut bénite solennellement le 1er juillet […]

La première pensionnaire était arrivée depuis le 20 juin avant la terminaison des travaux. La dernière est arrivée le 19 octobre. Nous avons sept pensionnaires de 75 à 82 ans et une 8ème plus jeune, la sœur de M. Marie Isabelle […] 

La Maison Familiale arrête ses activités en 1969. Des Sœurs et des personnes âgées continuent à  demeurer à la Maison St Joseph et à la Maison Ste Thérèse.  

Longtemps, les Sœurs cohabiteront avec elles, puis suite au Chapitre de 1998, peu à peu, les Sœurs aînées remplaceront les résidentes laïques.

Au fil des ans, les soins à domicile se poursuivent…

La profession des gardes-malades va évoluer progressivement. Des brevets, tels ceux délivrés par la Croix-Rouge, deviennent peu à peu nécessaires pour exercer la profession d’infirmière qui prend corps par la création d’écoles. En 1946, la profession est codifiée et le diplôme, obligatoire. Les diverses professions médico-sociales et d’aide à domicile que nous connaissons aujourd’hui se développent et  des Associations d’aide à domicile, des centres sociaux communaux et autres, les prennent en charge.
A Chaillé, une Sœur formée pour être travailleuse familiale exercera sa profession pendant six ans. 

Lorsqu’après la guerre la Sécurité sociale est créée, la profession d’infirmières libérales à domicile s’étend. Les Congrégations sont reconnues comme ayant une activité de soins à but non lucratif et les malades soignés par les Sœurs infirmières bénéficient du tiers payant.
Le décret du 22 avril 1977 donne une reconnaissance juridique aux Centres de soins infirmiers.  Pour être agréés, les Centres doivent mettre leurs locaux aux normes et compter trois infirmières travaillant en équipe.
A Chaillé, des pièces sont réaménagées à la Maison Ste Thérèse ; les Sœurs s’organisent et des infirmières laïques, salariées du Centre de soins sont embauchées. Leur champ d’activité couvre presque tout le canton.

En 1983, les Sœurs infirmières n’étant plus en mesure d’assurer l’organisation du travail, c’est l’Association ADMR qui prend en charge la gestion du centre de soins. En 1984, ses locaux quittent la Maison Ste Thérèse pour l’ancienne gendarmerie. Trois secteurs sont couverts par six infirmières. Deux Sœurs, puis une, seront salariées jusqu’à leur retraite professionnelle.

1972 : ouverture du Centre spirituel de l’Immaculée

Sous l’impulsion du Père René Proux, alors Supérieur des Missionnaires de la Plaine, et en accord avec l’Evêque, l’Immaculée devient centre spirituel. Il est animé par les deux communautés des Missionnaires de la Plaine et des Sœurs Oblates de Ste Thérèse qui sont au service d’une même mission de prière et d’accueil des retraitants ou de ceux qui veulent bénéficier d’un temps de repos.

La collaboration entre les deux communautés s’intensifie. L’accueil, l’économat, le secrétariat, l’animation liturgique sont confiés aux Sœurs en plus des services matériels déjà assurés.
En 1993 puis en 2008, nous célébrons dans ce lieu les 60 ans puis les 75 ans de la Congrégation. Joie de fêter dans notre lieu « source ».

En 2011, les Missionnaires de la Plaine laissent la direction du Centre spirituel au diocèse. Un an plus tard, des travaux de rénovation vont être entrepris et le centre sera fermé durant ce temps. L’heure est donc venue pour nous Sœurs Oblates, de quitter l’Immaculée après ces quarante années de travail en partenariat fraternel avec les Missionnaires de la Plaine, les prêtres et les laïcs qui au fil des ans étaient engagés avec nous dans l’accueil, l’animation et la prise en charge matérielle du Centre.

Nouvelle œuvre confiée aux soeurs : l’Ecole Notre-Dame.
Une 3ème communauté est ouverte à Chaillé

8 septembre 1953. Cette école, florissante avant la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’a jamais repris le même essor. Avec ses deux classes, elle atteint à peine le tiers des enfants de la paroisse. Un appel est lancé aux Sœurs Oblates pour en prendre la direction le
Une Sœur de la communauté St Joseph enseigne les enfants d’une classe et l’autre est confiée à une enseignante laïque.

L’année suivante, une communauté est ouverte dans la maison de l’école avec trois Sœurs : une est enseignante et les deux autres donnent du temps à la paroisse, puis ouvrent une cantine.

En septembre 1979. les Sœurs quittent l’Ecole et vont habiter un logement HLM situé sur le Rocher (15 cité des roches). Un an plus tard, elles emménagent dans une maison plus vaste (6 rue des Plantes). La communauté compte quatre Sœurs dont une est infirmière du centre de soins et une autre travailleuse familiale. Une Sœur participe à l’accueil du Centre spirituel. 

1984. les Sœurs déménagent de nouveau et s’installent au 6, rue Rideau non loin de l’Eglise. Trois ans plus tard, cette maison est mise en vente et les Sœurs rejoignent d’autres communautés.  

Chaillé-les-Marais * Presbytère

En 2011, à la demande du curé de la Paroisse, deux Sœurs viennent habiter le presbytère à compter du 26 novembre. Petite communauté de présence et 

d’accueil pour les gens de la vaste paroisse, elles participent à sa vie. A proximité du Centre spirituel, elles sont présentes aux Offices et préparent la messe quotidienne. Ainsi jusqu’en avril 2017, en demeurant proches des gens, 

elles continuent la mission de la Congrégation « aimer Jésus et le faire aimer » et « aider les prêtres, les missionnaires toute l’Eglise ».

Aujourd’hui, des rencontres continuent et de nouvelles pages d’histoire ont commencé à s’écrire…

1er janvier 2021. La Maison St Joseph devient le lieu de vie pour « le Logis d’Emma »
Ainsi notre Maison St Joseph donnée par la paroisse pour y établir une œuvre sociale concernant des jeunes filles, retrouve une part de sa vocation première.

« La mission de la vie religieuse dans cette période (de creux)  passe par des témoins de Dieu qui [ont] fait l’expérience de la vie de foi au cœur de la diminution. Elle tire de son épreuve crucifiante la capacité de valider d’autres existences menacées d’effacement dans la société ». Assemblée 11 sept 2021
Au moment de quitter la Plaine de Chaillé-les-Marais, voilà où nous puisons notre joie !

La Maison Ste Thérèse cesse d’être le domicile de Sœurs aînées, mais des projets se cherchent avec l’Association « le Logis d’Emma ».

Le dimanche 14 novembre 2021, lors de la messe paroissiale, nous rendrons grâce pour les rencontres vécues au cours de ces années à Chaillé-les-Marais et aux alentours. Des visages ont laissé des traces de joies, de peines partagées; ils habiteront nos cœurs et nos prières de reconnaissance.

Une page se tourne, mais la vie va continuer de couler dans nos Maisons,  – avec nous ou d’autres –  au service des plus petits. Tel est notre souhait le plus cher !